Les semences de Chanvre

Le choix des semences est une des premières étapes de la culture et est absolument déterminant pour le bon déroulement de la production. Outre le travail de sélection variétal permettant de créer un nombre quasi infini de variétés, il existe différents types de semences, selon la destination finale de la culture.

Les graines dioïques

À l’état naturel, le chanvre est une plante dioïque. Cela signifie que les individus issus des graines sont soit mâles, soit femelles (à de très rares exceptions un individu hermaphrodite peut apparaitre). Généralement, une parité relative existe entre les individus mâles et femelles au sein d’une population issue de graines dioïques.

Dans le cadre de la production de chanvre bien-être, principalement définie par l’absence de graines dans les fleurs, cela signifie que les plantes mâles doivent être supprimées des parcelles cultivées afin d’éviter tout risque de pollinisation des fleurs femelles.

Outre l’aspect fastidieux de cette tâche (qui doit être répétée quotidiennement, dès l’apparition des premières inflorescences mâles au milieu de l’été et jusqu’au début du mois de septembre, lorsque l’ensemble des plantes est sexué), le risque de pollinisation des individus femelles reste toutefois extrêmement important et une réussite totale de l’opération n’est absolument pas garantie.

Ces semences de chanvre dioïques dites industrielles (produisant du CBD en quantité peu importante) ont l’avantage d’être très économiques à l’achat. Toutefois, ce gain est à relativiser face aux coûts induits par la suppression des individus mâles.


Fleur de chanvre dioïque mâle

Fleur de chanvre dioïque femelle

Les graines monoïques

A la suite de travaux de sélections, les semenciers ont produit des semences monoïques. Il s’agit de semences produisant des individus hermaphrodites, c’est-à-dire que sur une même plante apparaitront des inflorescences mâles et femelles.

Ce type de semences est intéressant pour une culture de chanvre dite industrielle dans le but de produire des graines et/ou de la fibre.

Le fait que chaque individu soit ainsi en mesure de produire des graines, et non pas uniquement les plantes femelles qui représentent environ la moitié des individus au sein d’une population issue de graines dioïque, permet d’ainsi augmenter les rendements.

De la même manière, les individus monoïques ont une sénescence proche, tandis que les plantes mâles entrent en sénescence plus précocement par rapport aux plantes femelles, ce qui crée une discordance dans la production de fibre.

Fleur de chanvre monoïque

Les graines féminisées

A l’aide d’un procédé hormonal permettant à une plante femelle de produire des fleurs mâles, les gamètes mâles ainsi produites possèdent un caractère génétique uniquement femelle, puisqu’elles sont initialement produites à partir d’une plante femelle.

Ce pollen aux chromosomes sexuels femelles permet donc de féconder les fleurs sans transmettre de gènes mâles. Les graines ainsi produites sont donc toutes femelles. Néanmoins, ce procédé étant particulièrement complexe et, à un certain égard, contre-nature, il existe un risque que certaines plantes expriment un caractère mâle ou hermaphrodite. C’est pourquoi il est primordial, en cas d’utilisation de semences féminisées, de vérifier chaque plante à partir du milieu de l’été afin de s’assurer qu’aucun individu mâle n’apparaisse, au risque de polliniser tout ou partie de la parcelle.

Les graines automatiques (auto-floraison)

Par nature, les graines automatiques sont des variétés qui fleurissent de manière indépendante de la photopériode, c’est-à-dire qu’elles fleuriront en jours longs, tandis que les variétés «classiques» fleuriront en jours courts.

Ces plantes ont généralement un cycle total de culture compris entre 60 et 90 jours. Cela permet d’écourter les périodes de culture et d’ainsi avancer les dates de récolte. Aujourd’hui, la quasi-totalité des graines automatiques sont également féminisées.

Les graines enregistrées au catalogue officiel des variétés

Il est légalement obligatoire pour une semence d’être enregistrée au catalogue français ou européen des variétés (une semence inscrite au catalogue d’un état européen permet la commercialisation au niveau de l’Union Européenne).

Ce catalogue offre une garantie sur les caractéristiques des variétés commercialisées, tant au niveau du respect des normes de distinction, d’homogénéité et de stabilité (DHS), qu’au niveau des valeurs agronomiques, technologiques et environnementales (VATE), qui sont des critères intrinsèques à la sélection variétale.

Autant des semences dioïques, monoïques, féminisées ou automatiques peuvent être enregistrées au catalogue des semences.

Le Service Officiel de Contrôle et de Certification (SOC) est l’organisme qui certifie les semences enregistrées au catalogue. Il appose sur chaque paquet de semence une étiquette avec des mentions réglementaires afin d’identifier précisément les caractéristiques des graines (espèce, variété, numéro de lot, pays de production notamment) et attester qu’elles répondent aux normes de qualité exigées.

Les semences non enregistrées au catalogue officiel des variétés sont des graines dites de collection. Il est à la charge de chaque producteur de se renseigner quant aux possibilités de cultiver de telles graines.

Cet article a été rédigé par Pierre-Loup de Dietrich, agriculteur ingénieur agronome.

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