Le chanvre au Vietnam

Histoire et situation actuelle

La culture traditionnelle du chanvre au Vietnam est limitée à quelques régions montagneuses dans le nord, le long de la frontière chinoise, où vivent les Hmongs, les Yaos et d’autres tribus. Cette situation est assez différente de ce que l’on trouve dans les archives historiques.

Le chanvre s’appelle day, lanh ou gai en vietnamien. Le chanvre a d’abord été tressé pour faire des cordes, puis lié pour faire des filets et finalement tissé pour faire des vêtements. Le coton a été introduit au Vietnam bien plus tard. Un livre chinois du 6ème siècle, Nan Fang Shu Mu Tzang, décrit la flore au sud de la rivière Jangzi, aujourd’hui le centre du Vietnam, et raconte la culture du chanvre et son utilisation comme matière principale pour la fabrication des vêtements.

Des objets de l’âge du bronze ornés de motifs représentants des vêtements, ainsi que le trapa (outil en pierre utilisé pour battre l’écorce pour fabriquer des vêtements primitifs), ont été découverts dans les vallées des rivières Hong et Ma au nord du Vietnam. Les vases en pierre et en porcelaine et la poterie ornés de motifs de cordes découverts sur le site préhistorique de Go Trung à Thanh Hoa, au Vietnam, témoignent de l’utilisation de l’écorce de la plante depuis 4.000 ans avant J.C. Cependant, on ne sait toujours pas si la plante utilisée pour faire des cordes à cette époque était du chanvre.

Récolte du chanvre

Les légendes du delta du fleuve Rouge racontent l’histoire de la princesse Kim Dung (la fille du roi
Hung) et du fils du fermier pauvre Chu Dong. Le roi Hung régnait pendant l’âge du bronze. L’histoire
se passe près du lac Da Trach (20 km de Hanoï à vol d’oiseau), bordé de chanvre sauvage à cette
époque. Dans cette histoire Chu Dong, l’adolescent pauvre, nage dans le lac alors que la princesse
passe dans un bateau dragon. Il ne veut pas être vu par la princesse car il est si pauvre qu’il n’a pas de pantalon. L’adolescent se cache dans le sable, mais le bateau de la princesse approchant, l’eau jaillit et révèle l’adolescent. La princesse voit sa nudité, l’emmène à la cour du roi et l’épouse.
Cette histoire montre la relation entre les vêtements (ou leur absence) et le chanvre sauvage. Jusqu’au 19ème siècle, le lac Da Trach est resté bordé de chanvre sauvage. Les habitants de cette région étaient parmi les meilleurs cultivateurs et producteurs de chanvre traditionnel dans la région du delta au nord du Vietnam.

Filage du chanvre

Dans les archives historiques, le chanvre est décrit comme une plante aux utilisations importantes. Il fournissait la principale fibre pour tresser les cordes, lier les filets et tisser des vêtements. Les cultivateurs de chanvre payaient un impôt plus élevé que les cultivateurs de riz. Les européens, venus au Vietnam du 16ème au 18ème siècle, ont eux aussi relaté la production de chanvre au nord du Vietnam. Le chanvre était une marchandise d’exportation importante vers l’Europe et les pays asiatiques voisins.

Le tissage du chanvre

Avant l’ère coloniale, le chanvre vietnamien était caractérisé comme étant petit. Les cultivateurs
traditionnels dans le delta du fleuve Rouge appellent lanh la meilleure qualité de chanvre.
Cette variété petite était uniquement cultivée pour fabriquer des vêtements. Le terme day xanh (petit chanvre) est utilisé pour distinguer le chanvre natif. Le chanvre importé par les Français à la fin du 19ème siècle et au 20ème siècle, également importé par les Japonais pendant la seconde guerre mondiale, est appelé day cach (grand chanvre). Day cach était utilisé pour fabriquer des cordes, des renforcements de tapis, des sacs et des filets. On ne peut pas utiliser la fibre de day cach pour fabriquer des vêtements car elle n’est pas très fine. Day xanh a un rendement moins important que day cach, mais sa fibre est plus fine et très bonne pour faire des fils pour tapis.

Depuis l’arrivée des Français au 19ème siècle, l’utilisation du chanvre pour les vêtements a perdu de sa popularité. Les vêtements traditionnels sont toujours fabriqués par les tribus des montagnes, les Hmongs et les Yaos. Les Hmongs tissent le chanvre, la ramie et le coton, alors que les Yaos tissent seulement le coton.

Vêtement traditionnel Hmong
Vêtement traditionnel Hmong

Il existe encore au Vietnam quelques ateliers, fabricants de produits de qualité en fibres de chanvre, mais cette industrie a presque disparu. Les anciennes méthodes de production et les produits traditionnels n’attirent pas les agriculteurs, qui n’aiment pas cultiver du chanvre. Le renouveau de la production et de l’utilisation du chanvre attendent le développement de la technologie pour la culture, la transformation et la fabrication, de même qu’un marché international fort pour les produits issus du chanvre.

Crédit photo : Tessa Bunney

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